Feu sur les RPS

Publié le par Rémi Mounier

feurougep.pngIl y a quelques jours, le Ministère du travail publiait la liste des entreprises de plus de 1000 salariés qui n’avaient pas développé d’intervention pour prévenir des risques psychosociaux. Trois couleurs différentes selon l’avancement de l’intervention : vert pour celles qui l’avaient commencé (20% seulement), orange pour celles qui ont établi un projet, rouge pour celles qui n’ont rien fait. Un joli feu de signalisation. Bien entendu, être publié en orange ou en rouge ne donne pas une excellente image de marque. Les surgelés Picard, par exemple, n’ouvriraient plus autant l’appétit de leurs consommateurs. Glouton pourquoi pas, complice d’esclavagistes hors de question. Les raisonnements sont parfois simplistes, n’est-ce pas ?


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          Bien entendu, les entreprises concernées ont tôt fait de réagir contre ce coup de publicité déloyal. Les listes rouge et orange furent retirées dans les 24 heures qui suivirent leur publication. Certains ont crié aux loups, à la manipulation, au complot des copains de Sarkozy. Allons, un peu de bons sens : si l’entreprise n’est pas dans la liste verte, alors elle est en orange ou en rouge. Personnellement, cette affaire m’interpelle sur plusieurs points.

 

          Premièrement, comment l’entreprise est-elle évaluée et donc classée ? Suffit-il de répondre à un questionnaire ? Il y a-t-il un contrôle sur la mise en place qualitative du plan d’intervention ? Comment s’effectue ce contrôle et par qui ? Autant d’éléments techniques qui auraient pu nous renseigner sur la fiabilité des listes aux trois couleurs.

Deuxièmement, comment se fait-il que les administrations publiques ne soient pas prises en compte ? Il n’y a donc aucun risque dans l’Education nationale, la Justice, les forces de l’ordre…  Ou comment balayer adroitement devant sa porte avant d’aller scier la poutre du voisin. Ou quelque chose d’approchant.

 

          Mais le plus important est le choix du Ministère de transmettre l’information par un classement public. Il trahit un rapport de forces évident entre les entreprises et l’Etat. La négociation est absente. Surtout, il dévoile une faible marge de manœuvre pour le Gouvernement, obligé de distribuer des bons points pour provoquer la réaction des entreprises sur les risques psychosociaux. La période de crise qui hurle l’assourdissante rentabilité provoquerait la surdité quant à la santé des travailleurs. Il me semble que le lien entre efficacité et santé s’est perdu. Or il faudra l’avancer et le prouver pour convaincre les entreprises des apports de la prévention des risques psychosociaux.    

 

 

http://www.travailler-mieux.gouv.fr/Plan-d-urgence-sur-la-prevention.html

Publié dans Socio-organisationnel

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