Atelier coloriage

Publié le par Rémi Mounier

colorJe me souviens d’un échange avec un designer qui m’apprenait l’histoire de l’utilisation des couleurs en informatique. Aujourd’hui, on peut tout faire avec les couleurs mais cela n’a pas toujours été le cas. Dans une époque lointaine, l’explosion des possibilités à 256 couleurs a été perçue comme une révolution. Des applications combinant parfois plus de 30 couleurs ont fleuri comme poussent les champignons après la pluie. Les auteurs pensaient au beau, à leur talent artistique refoulé. Les interfaces étaient illisibles, perdant l’information dans un arc-en-ciel sur écran.

 

          Depuis, le choix des couleurs n’a cessé de croître, rendant les possibilités infinies aujourd’hui. Pourtant, nous sommes revenus à plus de sobriété dans les applications et les sites web, si bien qu’une interface arc-en-ciel est catégorisée comme tout à fait amateur. Avec le discrédit qui lui sied. Les recherches en perception cognitive des couleurs ont permis d’élaborer des règles strictes sur leur utilisation, régulant les impulsions artistiques des plus prolifiques designers.

 

          Cependant, les études sur la couleur se sont basées essentiellement sur l’utilisabilité des interfaces. Très peu font état du facteur culturel dans le choix des couleurs, de leur acceptabilité, bien que ce soit une question qui mériterait des investigations profondes, notamment dans les problématiques d’e-commerce international.

 

          Récemment, dans l’International Journal of Human-Computer Studies, Cyr, Head & Larios (2010) se sont penchés sur le lien entre couleur et culture, à propos de la confiance, de la crédibilité et de la satisfaction. Les utilisateurs qui ont participé à l’étude étaient canadiens, japonais et allemands. Les zones de navigation d’un site d’e-commerce ont été testées sous les couleurs bleu, vert et jaune. Le premier constat confirme que le choix des couleurs a une influence sur l’acceptabilité du site web. Mais, contrairement aux attentes, les différences culturelles n’ont pas un impact aussi fort qu’attendu. Il est même possible de définir des tendances interculturelles, notamment une préférence pour le bleu et un rejet du jaune. Néanmoins, la finalité commerciale et le secteur d'activité du site testé ont certainement activé un référentiel couleur spécifique.

 

          A l’avenir, il me semble que les chercheurs en IHM seront capables de définir des chartes graphiques adaptées à la fonction du site web et à l’attente des utilisateurs. La culture rentrera en compte pour affiner des tendances internationales. Et les artistes-designers ne sont pas près d’obtenir « carte blanche ».

 

Colour appeal in website design within and across cultures: A multi-method evaluation

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